Culture

Samain, comment les anciens Celtes fêtaient « Halloween »

Fête sacrée, politique, pacifique et obligatoire !

Les origines d’Halloween remontent à 2 500 ans, on célébrait la nouvelle année à venir ! La fête Halloween, appelée « Samain », marquait la fin de l’été et la réunion entre les vivants et les esprits des disparus. Comment se déroulait cette fête obligatoire ? Pourquoi durait-elle sept jours ? Quelles étaient ses trois fonctions principales ? Explications dans cet article.

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Oubliez ce que vous pensiez savoir d’Halloween ! La fête celtique pratiquée par l’ancienne Irlande et la Gaule a bel et bien un aspect festif de rassemblement mais aussi sacré consistant à honorer les défunts et à allumer des feux. Cependant, il existe beaucoup de différences avec la coutume américaine actuelle. La fête celtique de Samain est obligatoire sous peine de châtiments, dure plusieurs jours, est marquée par le sacrifice rituel animal, la consommation de bière et d’hydromel et symbolise surtout une nouvelle année à venir (un peu comme notre 31 décembre).

« Samain », ancêtre d’halloween et l’une des quatre fêtes celtiques 

Malgré les différences avec la coutume actuelle et l’absence de citrouille, Samain est bien l’ancêtre d’halloween. Samain (Samonios en Gaulois) signifie « fin de l’été » et en gaélique actuel « novembre« . C’est un moment crucial entre deux périodes : la fin de la période claire et la période sombre que représente l’hiver (Les Celtes n’ayant que deux saisons). Les animaux rentrent à l’étable et la communauté se repose des travaux agricole.

Les quatre fêtes celtiques 

  • Samain (1er novembre) : fin de l’été et nouvelle année.
  • Imbolc (1er Février) : fête de la lustration (Sainte Brigitte).
  • Beltaine (1er Mai) : fête du feu de Bel, fête lumière du lieu Lug.
  • Lugnasad (1er Août) : fête royale du dieu Lug et des récoltes.

Contrairement à notre calendrier qui débute en janvier, le calendrier lunaire des Celtes commence dès novembre. Samain représente à la fois la fin et le début d’une nouvelle année.

C’est dans ce moment figé, de l’entre-deux, que des passerelles se créent entre le monde des vivants et des morts. Ces derniers perdraient alors leur don d’invisibilité. « La suspension du temps annihile toute différence entre l’Autre Monde et le monde des hommes. Ils ont, pendant quelques jours accès au monde des dieux… » expliquent F. Le Roux et C-J Guyonvarc’h dans leur ouvrage « Les Fêtes celtiques ».

Ci-dessous, une infographie récapitulative pour la plus pressés 😉

Infographie histoire Halloween Samain

Halloween chez les Anciens Celtes a-t-il lieu le 31 octobre ?

Hé bien, pas forcément ! Le calendrier des Celtes étant lunaire, ils se basaient sur la pleine lune la plus proche du 1er novembre. « Si l’on date les fêtes celtiques au 1er, c’est seulement par commodité. En réalité la fête en question se situe nécessairement la nuit de la pleine lune la plus proche » Comme le précise, l’historien Jean Markale dans son ouvrage  « Halloween, histoire et traditions ».

La fête pouvait durer 3 (Gaule) à 15 jours (Veille Irlande). Le rythme dont on parle le plus dans les ouvrages spécialisés est celui des 7 jours : trois jours avant Samain (pleine lune), pendant et trois jours après.

Par exemple, cette année 2020, la pleine lune la plus proche du 1er novembre tombe par coïncidence le 31 octobre mais les années passées elles pouvaient aussi tomber en novembre.

Samain : une fête obligatoire pour tous

Singularité de la fête, Samain est obligatoire à tous quelle que soit la classe sociale. Rappelons que la société celtique est hiérarchisée comme ceci :  rois, druides, guerriers et artisans. Une punition mortelle frappe celui qui s’abstient et qui peut encourir « la peine de folie ou de mort’.

Chacun a un rôle à jouer :

  • Le roi préside la fête (il n’a aucun rôle religieux)
  • Les druides allument le feu, font des sacrifices rituels et président les assemblées légales.
  • Les guerriers participent principalement au banquet et beuverie.
  • Le peuple rend hommage aux idoles, prend une petite part du festin et assiste aux jeux.

Quelles sont les trois fonctions de Samain ?

  • Fonction sacrée : réalisée par les druides qui allument le feu et pratique les sacrifices : oblation végétale (cueillette du gui en Gaule) ou sacrifice animal : Taureau.
  • Fonction légale et administrative : composé d’une suite de réunions « qui avaient pour intention la remise en ordre de la justice et de l’administration royale ainsi que des archives« , d‘après l’ouvrage « Les Fêtes celtiques ». C’est aussi l’occasion de renouveler les pouvoirs du roi.
  • Festin avec excès de nourriture :  composé notamment de viandes de porc, de bière, hydromel (boisson fermentée à base de miel) et un peu de vin (Gaule). Le porc est considéré comme magique et censé procurer l’immortalité. Le tout ponctué de chants et de musique.

Les métamorphoses de Samain

La conquête romaine influencera cette fête celtique en intégrant leur déesse Pomone à l’occasion de la fête de la moisson.  Le Christianisme rejeta le rituel païen. La fête de la Toussaint est inscrite sur le calendrier liturgique en 837 et se célèbre le 1er novembre. A ne pas confondre avec la fête des morts, qui a lieu le 2 novembre. La fête de Samain est un mélange d’Hallowen, fête de la Toussaint et fête des morts.

Halloween est la contraction de l’expression anglaise « All Hallows Even » qui signifie « La veille de tous les saints ».

Au fait, quel rapport entre l’Irlande et la citrouille ?

En 1846-48 à cause de la maladie de la pomme de terre, de nombreux Irlandais émigrèrent aux Etats-Unis et emmenèrent avec eux contes et légendes. Jack est un ivrogne farceur, chassé du paradis un 31 octobre, condamné à errer avec sa lanterne : une bougie qu’il mit à l’intérieur d’un navet pour la protéger du vent. Jack O’Lantern est donc le célèbre conte irlandais qui a ensuite été exporté aux USA. La citrouille plus facile à sculpter ayant remplacé le navet.

Sources :

  • F. Le Roux et C-J Guyonvarc’h, « Les Fêtes celtiques ».
  • F. Le Roux et C-J Guyonvarc’h, « La Civilisation Celtique »
  • Jean Markale,  « Halloween, histoire et traditions ».

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