Coralie, ancienne fille au pair en Irlande
Coralie, ancienne fille au pair en Irlande, revient sur son expérience de 6 mois au sein d’une famille irlandaise à Wicklow. A travers ce témoignage, elle nous livre ses impressions sur le plan linguistique, humain et culturel ainsi que de précieux conseils.
Bonjour Coralie, peux-tu te présenter et expliquer tes motivations ?
Je m’appelle Coralie, j’ai 23 ans et je suis partie au pair en Irlande en 2013, de mi-février à fin août. J’ai un bac L option arts-plastiques et fait des études en arts-appliqués, graphisme et édition. Je suis originaire du Sud-Ouest, dans la campagne. J’ai décidé de prendre une année pour me poser, faire le point, découvrir un autre pays et une nouvelle façon de penser. Ayant arrêté mes études, je ne pouvais pas opter pour Erasmus, j’ai donc choisi le menu « au pair » qui était un bon compromis.
Comment as-tu trouvé la famille ?
C’est grâce au site aupairworld.com que j’ai trouvé la famille. J’ai été attirée par leur profil. L’âge et le nombre d’enfants étaient en accord avec ce que je voulais. J’ai donc répondu à leur annonce. Ils habitaient dans un petit village appelé Kiltegan, au Sud de Dublin (à 1h30), dans le comté de Wicklow.
Quelles ont été tes missions en tant que jeune fille au pair en Irlande ?
J’avais deux enfants à m’occuper : une fille de 9 ans et un petit garçon de 4 ans. Mes tâches principales étaient de les lever, les préparer pour l’école puis les emmener. Le plus jeune n’allant à l’école que deux matinées par semaine, je m’en occupais le matin en jouant avec lui et préparant à manger. L’après-midi, j’allais chercher sa soeur à l’école, préparais le goûter et aidais aux devoirs. Je faisais quelques tâches ménagères telles que passer l’aspirateur, ouvrir les chambres, faire les lits. J’étais aussi en charge de la partie « buanderie » c’est-à-dire lavage/repassage des vêtements. Il m’arrivait de commencer à préparer le repas. Je recevais 120 euros d’argent de poche par semaine.
L’anglais : « Au fil des mois, je comprenais quasiment tout »
Comment était-ton niveau d’anglais en arrivant ?
Mon niveau était déjà bon (B1) lorsque je suis arrivée mais avec quelques difficultés de compréhension orale. J’ai l’avantage d’avoir un bon accent donc les enfants et les parents me comprenaient. Au début, j’ai eu du mal à interpréter ce que disaient le père, le grand-père et les amis de la famille en raison de leur accent prononcé. De même pour les programmes télévisés, je me souviens avoir été incapable de suivre le journal parce que je n’arrivais pas à identifier les mots pour les traduire.
A-t-il évolué durant ton séjour ?
Au fil des mois, je comprenais quasiment tout. J’ai vraiment vu une nette différence entre le début et la fin de mon séjour. Mon propre anglais s’est amélioré, surtout par rapport aux expressions du langage courant et au vocabulaire que l’on apprend pas forcément à l’école. Par exemple, en français, on apprendrait à un anglais à dire un « réfrigérateur » pour un frigo, alors que la plupart des français disent justement « frigo » au lieu de « réfrigérateur ». Cependant, étant donné l’endroit reculé, je n’avais pas vraiment d’autres moyens d’intensifier mon apprentissage que la télévision. La maman était quand même très attentive car elle parlait de façon claire.
Actuellement, l’anglais t’aide-t-il dans ta vie quotidienne ou professionnelle ?
Je m’exprime avec plus d’aisance en anglais et j’ai l’impression d’avoir un anglais plus courant et moins formel qu’avant. Je fais partie d’une communauté sur internet : Deviantart où l’essentiel des membres s’expriment en anglais. Donc la langue est très utile pour commenter les œuvres des autres. Je me sens aussi plus à l’aise lorsque je dois converser avec des amis d’amis qui parlent anglais, maintenant c’est un peu comme si je parlais français avec eux. Je travaille dans une maison d’édition sur Paris et je risque de m’occuper de temps en temps des relations avec des pays étrangers par mail et par téléphone. Comme c’est une petite maison d’édition, on touche un peu à tout et je risque même de me lancer dans la traduction si un jour la maison d’édition décide d’éditer des auteurs étrangers 🙂
A la découverte de l’Irlande : « Le pays m’avait toujours attirée »
Etais-tu déjà partie en Irlande ? Pourquoi ce choix de pays ?
Je n’étais jamais partie en Irlande mais le pays m’avait toujours attirée. J’ai toujours beaucoup aimé la musique irlandaise et les grands espaces un peu vides, très campagnards et scéniques. On m’a aussi toujours dit que les Irlandais étaient des gens très accueillants (vérifié !) et que le pays était très beau et riche en jolies choses à voir. De plus, je préférais un pays où l’on parle anglais et situé en zone euro afin de ne pas changer de monnaie.
Peux-tu nous décrire ton ancienne ville d’adoption et ses environs ?
Kiltegan est un micro-village situé en pleine campagne avec seulement deux pubs, deux écoles, une église et une mini supérette. A une quinzaine de minutes en voiture, il y avait un village un peu plus grand où l’on pouvait prendre un bus pour se rendre à Dublin. C’est à une demi-heure de route que se trouvait une « vraie ville », avec des magasins, un cinéma, des bars, des discothèques. Par contre, j’étais très proche des lieux touristiques de ma région comme Glendalough ou Glenmalure dans la montagne, etc. Les randonnées du Wickowway étaient à deux pas. Comme c’était une partie montagneuse, il y avait de belles balades à faire. D’ailleurs la vue depuis ma fenêtre, (cf. photo ci-dessus) avec la montagne juste en face, était très belle.
Qu’as-tu visité et comment t’es-tu organisée la plupart du temps ?
Les premiers mois, j’allais surtout en ville pour essayer de voir du monde. J’allais au cinéma, au parc, faisait les magasins à proximité car J’avais un peu peur de me perdre en voiture. Puis quand l’autre au pair du village est arrivée, nous avons commencé à sortir toutes les deux et à faire toutes les attractions du coin à 1h à 2h de route :
- Glendalough : la ferme de Rathdrum avec un labyrinthe très sympa et des animaux
- Russborough house : grande maison bourgeoise, avec des lacs immenses à proximité
- Arklow : la plage
- Howth : une ville portuaire près de Dublin
- Dublin à plusieurs reprises et beaucoup d’autres lieux…
J’ai eu aussi droit à des petites vacances pendant lesquelles nous sommes allées à Galway (en Bus) où nous avons visité les grands classiques (le connemara et le Buren, magnifiques) avec des bus touristiques. A la fin de mon séjour, j’ai pu louer une voiture et nous sommes partis avec ma soeur et son copain dans l’ouest où nous avons visité les Aran Island et la ville de Galway.
Quelques conseils ou bons plans ?
Il y a beaucoup à faire mais une voiture est tout de même indispensable car les lieux sont assez éloignés les uns des autres. Si vous êtes dans une grande ville, c’est plus simple parce que vous avez accès au bus qui font les liaisons entre les villes. Les bus touristiques sont fatigants mais bien pratiques ! Le bus est beaucoup plus rentable et fréquent que le train qui est très cher. Une chose à noter si vous aimez les chevaux, l’Irlande est un pays parfait pour vous, ils en sont fans. Les 3/4 des gens que j’ai rencontrés avaient un enfant qui faisait du poney. Ils aiment beaucoup les concours et les courses.
A la découverte des habitants et de la culture : « Les Irlandais sont vraiment très friendly »
Comment s’est passée l’intégration au sein de la famille ?
Je suis quelqu’un d’assez timide et d’observateur, donc le début était assez difficile. Trouver sa place prend un certain temps. On arrive dans une famille qui a ses habitudes, qui parle une autre langue, qui pense et mange différemment. Ma famille a cependant tout fait pour que je m’intègre et ils m’ont vraiment fait participer à la vie de famille. Par exemple, chaque week-end où j’étais à la maison et que je ne sortais pas, ils me demandaient si je voulais venir avec eux. En général, ils faisaient en sorte que je n’aie pas à m’occuper des enfants pendant ces sorties là mais cela ne marchait pas toujours 😉 C’est dur de faire comprendre à un enfant de 4 ans que je suis « en week-end » quand il te considère quasiment comme sa grande soeur !
Et le contact auprès des habitants en général ?
Le contact avec les autres habitants était très bien aussi. Les gens étaient vraiment accueillants, vraiment gentils, incroyablement sympathiques. Lorsque la famille est partie en vacances et que j’étais seule, on m’a même invitée à boire un thé. Les Irlandais sont vraiment très « friendly » comme on dit.
Qu’est-ce-qui t’a le plus surprise/amusée dans le mode de vie en Irlande ?
Je me rappelle avoir été un peu interloquée par l’état des routes ! Elles sont assez dangereuses car elles sont vieilles et abimées. Quand il pleut fort toute la journée, vous avez plus l’impression de conduire un bateau qu’une voiture. Par ailleurs, les panneaux sont dissimulés derrière les arbres / hautes herbes et la signalétique est plus petite qu’en France.
Un détail qui m’a aussi le plus surprise est la capacité à offrir du thé aux gens. Je me souviens que, dès que quelqu’un venait à la maison, que ce soit pour le travail ou pour venir chercher un des enfants qu’on gardait, on lui offrait forcément à boire ou à manger. Et même si c’est quelqu’un que vous ne connaissiez pas spécialement. Peut-être que c’était spécifique à la famille où j’étais mais ils étaient vraiment très accueillants.
Il existe aussi une différence radicale en ce qui concerne la nourriture et les repas en général. Pour des Français, ça peut être déroutant. Il n’y a pas vraiment de règles de table, comme être tous ensemble, ne pas sortir de table tant que l’on n’a pas fini ou demandé. Les enfants mangent un peu ce qu’ils veulent quand ils veulent. Ils grignotent énormément entre les repas, parce que pour eux c’est normal. Personnellement, j’ai été éduquée à avoir des repas à heures fixes et à ne pas grignoter entre les repas. Chez eux « évite de grignoter dans la journée » serait une maxime sadique ! Et puis, ils mangent très tôt aussi : on mangeait à 6h, voire, des fois à 5h30.
Bilan : « Une expérience enrichissante qui n’est pas de tout repos »
Que retires-tu de cette expérience sur le plan humain ?
Je pense que c’est une bonne expérience et je ne la regrette pas. Visiter le pays et avoir accès à la vraie mentalité des gens est très enrichissant. On se figure, sous prétexte que c’est un pays européen et anglophone, que ça sera globalement comme le nôtre, ou du moins, comme l’Angleterre. Mais en vérité, on se rend compte que tous les pays ont des habitudes très différentes. Je pense qu’aller en Irlande reste dépaysant, même si c’est un pays occidental. Je ne m’imaginais pas qu’il y aurait eu autant de différences avec la France (par la nourriture, mentalité, ou l’éducation des enfants (plutôt laxiste), ou même l’état de la route). Partir au pair permet de grandir mentalement car on outrepasse les difficultés telles que les enfants difficiles ou le mal du pays. Je me suis accrochée et je suis fière d’avoir tenu le coup.
Quels ont été les avantages et inconvénients à partir jeune fille Au Pair en Irlande?
L’avantage consiste à découvrir le pays sous ses vraies facettes et à apprendre sur soi-même. On a le temps de réellement choisir ce que l’on veut voir et de découvrir des perles cachées que les vacanciers ne verront pas. Et puis, surtout, on revient avec un très bon niveau d’anglais et c’est vraiment un plus. Pouvoir regarder un film en VO sans sous-titres, c’est quand même un bel accomplissement !
Par ailleurs, je suis convaincue que c’est aussi une vraie valeur ajoutée pour un CV car l’expérience apporte des compétences pour un recruteur. Vous prouvez que vous parlez couramment une langue étrangère et surtout, que vous êtes capable d’endurer des situations à haut degré de stress tout en étant flexible et digne de confiance. La famille vous confie ses enfants, ce n’est pas rien.
Vivre à la campagne et être confrontée à un système d’éducation différent ont été des inconvénients. Concrètement, le rôle de fille au pair peut parfois être ingrat car vous subissez le système d’éducation parental qui a formé les enfants.
Que conseillerais-tu aux futur(e)s au pair en Irlande ou ailleurs ?
Essayez donc de choisir une ville plutôt que la campagne si vous aimez sortir. Cependant, si vous êtes casanier, la campagne est une bonne solution à condition de connaître des au pair aux alentours. Je pense qu’être au pair seul(e) n’est pas invivable mais il faut avoir le caractère et l’envie de bouger en autonomie. Vivre à la campagne a été agréable car j’ai fait des expériences nouvelles : j’ai été bergère puisque la famille avait des moutons. Etant arrivée pendant la période des naissances chez les brebis, j’ai pu donner le biberon aux agneaux et les soigner.
Il est également parfois délicat d’imposer son mode éducatif à l’enfant. J’ai eu de grosses difficultés avec ça, c’est pourquoi je vous conseille d’en parler avec les parents et d’essayer d’avoir le plus de renseignements sur le modèle éducatif. Il peut être un indice de l’ambiance familiale globale.
Accrochez-vous dans les débuts de fille au pair en Irlande qui sont les plus difficiles ! Ma famille m’avait beaucoup manqué mais dès que mon amie au pair est arrivée, tout a été bien plus facile ! Sachez aussi que même si le temps a l’air de s’écouler très lentement, il passe en réalité très vite ! En sortant et en visitant des lieux vraiment magnifiques, le temps est passé à une vitesse incroyable. Cela dit, partir au pair n’est pas de tout repos ! Mais cela dépend sûrement des familles. J’étais dans une famille très occupée, je travaillais donc beaucoup, entre 10 et 12h par jour, du lundi au vendredi.
Merci beaucoup pour ce témoignage plein de magnifiques photos et de conseils sur le rôle de jeune fille au pair en Irlande.